Addictologie et Alcoologie
La consultation jeunes consommateurs
Vous êtes âgés de 12 à 25 ans et vous vous questionnez sur vos consommations de cannabis, d’alcool, de médicaments, de drogues de synthèse, de cyber-jeux, d’internet, de jeux d’argent ?
Vous êtes parents et vous craignez que votre enfant ne développe des conduites addictives ?
Notre consultation spécialisée jeunes consommateurs (CJC), installée à Boulogne-Billancourt, dans le centre Arthur Rimbaud est là pour vous répondre et vous accompagner.
L’équipe
- médecin addictologue
- psychologue
- assistante sociale
L’adolescence, une période propice à la consommations de substances psychoactives
Une période marquée par une importante réorganisation psychique
La période de l’adolescence est une étape dans le développement de l’homme et un carrefour dans la construction identitaire nécessitant une réorganisation psychique considérable. L’adolescent a l’impression que plusieurs voies possibles s’ouvrent à lui. En fait, certaines seront prometteuses, d’autres sans issue, d’autres encore lui imposeront des détours pénibles. Sous l’effet de la puberté, l’adolescent réactualise le processus de séparation-individuation avec sa famille et ses relations avec ses parents. Cela l’amène à requestionner le rapport à soi, à l’autre et au monde.
Synonyme de changements : appropriation d’un nouveau corps devenu sexué ; quête d’une nouvelle relation avec les figures parentales et nouveaux supports d’identification ; besoin d’autonomisation, valeurs et aspirations personnelles ; remaniement du rapport à l’autre, amical et sentimental ; projection dans un avenir personnel et professionnel afin de trouver une place dans la société et responsabilité de ses actes au regard de celle-ci. Cette période est source d’angoisses, de conflits internes et de questionnements existentiels. Notamment lorsqu’elle est, en plus, jalonnées d’évènements de vie douloureux et de fonctionnements familiaux supportant mal son processus d’autonomisation.
L’adolescence est donc une période propice à la consommation de substances psychoactives. Toutefois, ce constat de vulnérabilité ne rime pas forcément avec dépendance. La conduite addictive est un risque et comporte plusieurs risques associés mais elle n’est que rarement un état pathologique établi.
L’usage de substances psychoactives
Dans ce contexte, l’usage de produits psychoactifs, par leurs différentes caractéristiques et effets positifs qu’il faut reconnaître pour comprendre cette propension des jeunes à consommer, semble se présenter comme une aide, une solution (illusoire) pour traverser cette période.
Les différents domaines réinterrogés à l’adolescence peuvent venir trouver une certaine réponse par les fonctions positives des produits : objets sensoriels de plaisir, pansements émotionnels par leurs vertus anxiolytiques et antidépressives, objets-supports d’expériences de prises de risques, objets-médiateurs entre pairs, objets-test face à la loi. Les produits psychoactifs répondent également aux besoins d’immédiateté, de « tout de suite et maintenant », sur lesquels se concentre l’adolescent.
Néanmoins, cette réponse par les produits reste toujours temporaire, et jamais dégagée de possibles risques et conséquences médico-psycho-sociales négatives.
Le statut illégal de certains produits n’est pas un frein à leur utilisation. En effet, aujourd’hui, les principaux produits consommés par les jeunes que nous rencontrons à la consultation, souvent poly-consommateurs, sont l’alcool, le cannabis, la cocaïne, la MDMA, la kétamine et le GHB. Les autres produits (notamment crack, nouveaux produits de synthèse, opiacés) sont moins représentés, non pas tant par leur statut illégal mais par la peur de leurs effets et de leurs conséquences connues pas les jeunes (risques addictogènes majorés, coût financier, déscolarisation, désocialisation).
Fonctionnement de la consultation jeunes consommateurs
Nos missions
La CJC accueille les jeunes âgés de 16 à 25 ans et prend en charge tous les comportements addictifs, avec ou sans produit psychoactif. C’est une des missions des Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA).
Elle a un double objectif de prévention / intervention précoce et d’accompagnement des jeunes consommateurs.
La prévention :
Sont reçus en consultation :
- les jeunes qui se questionnent sur leurs consommations ponctuelles, inhérentes au contexte d’expérimentation de l’adolescence,
- les jeunes obligés par un tiers (parent, ami, école) inquiets de leurs consommations et de leurs conséquences (principalement pour problèmes de comportement, syndrome a-motivationnel, déscolarisation…). Dans cette configuration, il n’y a pas de demande d’aide du jeune. Il en est de même pour les jeunes envoyés à la CJC par la justice pour un rappel à la loi ou une obligation de soin.
L’accompagnement :
Notre CJC accueille aussi bon nombre de jeunes demandeurs d’une démarche d’accompagnement. Ils tentent de s’aider eux-mêmes par l’utilisation des produits et ainsi de répondre à une souffrance psychique et/ou sociale intense, en lien avec une traversée de l’adolescence difficile, en réponse à des évènements de vie marquants (maltraitance, traumatisme, deuils, violences, etc..), à des dysfonctionnements familiaux, et/ou à des troubles psychiatriques. A cet égard, les substances psychoactives prennent une fonction de médicament, pouvant expliquer la difficulté pour les jeunes à demander de l’aide par rapport à leurs consommations, perçues comme bénéfiques.
Notre approche
Le positionnement des professionnels de la consultation est particulier. En effet, ils ne se situent pas au-dessus des jeunes (comme peut l’induire la hiérarchie professeur-élève, parent-enfant) mais à côté de lui, pour l’accompagner. Ils travaillent avec eux à leur rythme pour optimiser leurs capacités à prendre des décisions pour et par eux-mêmes. La CJC cherche à responsabiliser les jeunes sur leur consommation, sur la prise de risque encourue, mais l’on ne peut faire abstraction de leur réalité et de leurs désirs. Nous les accompagnons avec bienveillance en tissant un lien de confiance sans pour autant banaliser les usages de leurs consommations.
Les jeunes sont au centre de leur projet, et restent toujours partie prenante des décisions prises en commun avec le binôme de professionnels qui les suit, à savoir un psychologue et une assistante sociale.
L’objectif est de répondre aux différents aspects médico-psycho-sociaux des consommations et de la problématique addictive.
Notre objectif psycho-social est double.
D’une part, notre travail est d’aider les jeunes à faire le point sur le vécu de leur adolescence, sur leur quotidien personnel, familial, scolaire, et relationnel. C’est comprendre avec eux et de les aider à mettre en exergue la place, les fonctions des produits dans ce contexte particulier et d’en réduire les risques. C’est également définir avec eux leurs propres critères de qualité de vie, et si celle-ci doit passer par la modification voire l’arrêt de leur consommation, en trouvant ensemble des stratégies d’adaptation autres que la consommation. Pour cela, nous travaillons avec eux afin qu’ils puissent se construire et développer une pensée critique sur la prise de risque liés aux consommations, mais aussi sur la connaissance et l’affirmation de soi, la gestion des conflits, la résolution de problèmes et la relation aux autres. Ce travail s’effectue en entretien individuel et dans le cadre de la prévention lors de nos actions collectives.
D’autre part, en apprenant à mieux se connaître, en revenant sur son histoire de vie, c’est dénouer les souffrances sous-jacentes que les produits viennent panser. La CJC, c’est avoir un espace et un temps autre, pour porter un regard différent sur soi, sur sa situation familiale et sociale, afin d’y trouver sa juste place et pouvoir se projeter dans un avenir le plus sereinement possible.
Par ailleurs, la CJC est aussi l’occasion pour une évaluation psychiatrique afin d’écarter le début d’une pathologie psychiatrique plus lourde et de prévenir à temps son évolution.
La place des proches
Quand les jeunes sont accompagnés par un proche, nous proposons systématiquement de le recevoir, avec leur accord. La confidentialité du temps avec le jeune est une obligation, mais nous proposons à ce tiers un temps d’échanges, toujours en présence du jeune.
La prise en compte et le travail avec la famille et l’entourage sont primordiaux. Très souvent à l’initiative de la demande de prise en charge, le positionnement des parents face à leur enfant est marqué par l’impuissance. Pris eux-mêmes dans le travail de séparation de leur jeune, ils sont les moins bien placés pour les aider.
La CJC se situe alors en tiers extérieur, médiateur de leurs relations d’attachement et de leurs difficultés à partager des émotions ou inversement à supporter des émotions différenciées. La prise en charge du système familial dans sa globalité est nécessaire, afin de redistribuer les places de chacun, de restituer le jeune comme seulement un élément parmi d’autre d’un système plus global. Le travail se déplace du jeune/problème à une réflexion sur la famille dans son intégralité dont le jeune n’en est qu’un des éléments. Le plus souvent, l’évolution du fonctionnement familial et la reprise des processus d’autonomisation rend le recours aux substances psychoactives (ou/et aux comportements à risques) du jeune obsolète, lui permettant de renouveler son adhésion à la famille et de se concentrer sur son projet personnel.
La CJC représente ainsi un passage dans leur parcours de vie vers l’âge adulte. Notre travail conjoint est un accompagnement vers l’autonomisation (pour ceux qui le souhaitent) en les aidant à composer avec le principe de réalité. Venir de sa propre initiative à la CJC est déjà un acte d’autonomisation.
La CJC offre un travail sur les produits mais surtout, sur la traversée de l’adolescence, autrement dit un accompagnement sur une identité en construction.